J-1 : LA FLÈCHE WALLONNE INFOS
16 avril 2024 - 16:18 [GMT 0]
À la veille de la 88e édition de la Flèche Wallonne, aucun des 175 coureurs attendus au départ de Charleroi ne se détache parmi les prétendants au titre, bien que les deux anciens vainqueurs Marc Hirschi et Dylan Teuns aient brillé sur les routes ces dernières semaines, tout comme le vainqueur de l’Amstel Gold Race, Tom Pidcock.
Au terme d’un parcours de 198,6 kilomètres qui invitera pour la première fois les coureurs à escalader quatre fois le Mur de Huy, de nombreux autres prétendants viendront se mêler à la bataille des puncheurs, notamment le Français Benoit Cosnefroy qui y a déjà connu le podium. Les chances françaises reposent également sur David Gaudu accompagné du débutant sur la Flèche Romain Grégoire, ou encore Kévin Vauquelin.
Enfin, le coup de force pourrait aussi venir de la part de Mattias Skjelmose, Santiago Buitrago ou Richard Carapaz.
JEAN-MICHEL MONIN : « LE MUR DE HUY À QUATRE REPRISES »
Qu’on approche la ville de Huy par l’est ou par l’ouest, les modifications de parcours de la Flèche Wallonne impactent rarement le scénario, bien qu’un durcissement puisse quelquefois réduire le nombre de prétendants encore en lice au moment de s’attaquer pour la dernière fois au Mur de Huy. Cette année comme en 2021, le départ sera donné depuis Charleroi, qui avait aussi accueilli le peloton de façon ininterrompue de 1998 à 2012. Après une centaine de kilomètres de course, les coureurs feront leur entrée dans le circuit final, où un tracé sensiblement différent des dernières éditions a été adopté par Jean-Michel Monin, en charge du parcours des classiques ardennaises : « quelques travaux de voierie dans le centre de Huy nous privent de la côte de Cherave cette année. Nous avons donc ordonnancé le circuit d’une autre façon, il est plus court et ils devront maintenant en faire trois tours. Ce qui signifie que pour la première fois, ils monteront le Mur de Huy à quatre reprises. Cela peut sembler plus impressionnant, mais je ne suis pas certain que cela influera de façon radicale : le dénivelé cumulé est quasi-identique, et sans la côte de Cherave il est probable que le groupe qui se présente pour la bataille finale soit un peu plus volumineux que l’année dernière, lorsqu’ils étaient une quarantaine ».
TOM PIDCOCK : « JE VAIS COURIR POUR GAGNER »
Les coureurs de la formation Ineos Grenadiers et leurs prédécesseurs avec le maillot de Sky n’ont encore jamais trouvé la formule gagnante sur le Mur de Huy. Ils s’en sont rapprochés avec Sergio Henao (2e) qui a uniquement buté sur Dani Moreno en 2013 et qui reste le meilleur pourvoyeur d’accessits de l’équipe, puisqu’il s’est ensuite classé 7e en 2015 et 4e en 2017. La Colombie est restée active dans ce domaine, puisque Dani Martinez a pris la 5e place en 2022. Mais l’année précédente, c’est Tom Pidcock qui faisait une entrée remarquée parmi les puncheurs qui trouvent leur place sur les pentes du Mur de Huy, en se hissant à la 6e place pour son coup d’essai. Cette année, le Britannique a connu un début de saison perturbé par une chute, mais a tout de même pu découvrir Paris-Roubaix (17e) et s’est surtout imposé sur l’Amstel Gold Race dimanche dernier : « C’est une année difficile et même si j’ai beaucoup travaillé, ça n’a pas marché correctement au début et bien sûr, ma chute n’a pas aidé, détaille le champion du monde de VTT. Mais j’ai pu retrouver de vraies sensations et m’amuser sur le vélo à Roubaix, puis tout s’est mis en place sur l’Amstel. C’est un peu étrange, mais ça fait beaucoup de bien ». En suivant cette dynamique, il est tentant de désigner Pidcock comme le favori le plus en vue du peloton, mais l’intéressé se méfie des caractéristiques du Mur de Huy, qu’il n’a pas encore réussi à dompter totalement : « La Flèche me convient bien mais je n’y ai pas encore fait la course parfaite. Cela peut sembler bizarre, mais sur une côte aussi raide il faut vraiment gérer son effort. Lorsqu’on regarde Alaphilippe et Valverde, qui ont été les maîtres des lieux, ils y arrivaient parfaitement mais ce n’est pas facile, on peut attaquer trop tôt ou trop tard. Je ne suis pas un expert, mais je vais faire de mon mieux. J’y vais en confiance et je vais courir pour gagner. Après tout c’est une course de vélo, tout peut arriver ».
BENOIT COSNEFROY : « JE SUIS CAPABLE DE JOUER LES PREMIERS RÔLES »
L’édition 2020 de la Flèche Wallonne présentait la particularité de se tenir au mois de septembre, le calendrier de l’année ayant été compressé en raison de la pandémie de Covid. Elle reste surtout un souvenir à part pour Benoît Cosnefroy, qui connaissait déjà les lieux mais a pris une toute nouvelle dimension en se classant 2e derrière Marc Hirschi au sommet du chemin des chapelles. Depuis, le coureur de Decathlon-AG2R n’a pas toujours atteint le printemps dans une forme optimale et ne s’est pas toujours montré à son avantage dans le combat des puncheurs, mais il sort cette fois d’une série très encourageante avec 4 victoires depuis le début de la saison, dont la Flèche Brabançonne la semaine dernière. Si cet enchaînement le met naturellement en confiance, Cosnefroy reste toutefois prudent quant à ses prévisions, conscient comme beaucoup des difficultés à manœuvrer au moment d’attaquer la redoutable montée : « C’est tellement spécial. À 2 kilomètres de la ligne, on roule encore dans le confort… et pourtant on arrive dans un état physique pitoyable ! Dans le registre dans lequel je me situe, celui des puncheurs, c’est la côte la plus dure de l’année et donc la course la plus importante. Pour avoir une bonne maîtrise de ce Mur, il faut surtout être en grande forme physique. Mais même si je me sens très bien, je ne sais pas ce que ça donnera. Je suis capable de jouer les premiers rôles, et même de gagner ».
MARC HIRSCHI : « CE SONT LES JAMBES QUI PARLENT »
Le tenant du titre de la Flèche Wallonne réserve ses apparitions cette année. Tadej Pogacar aura même patienté plus d’un mois entre son succès sur le Tour de Catalogne et le prochain dossard qu’il épinglera pour Liège-Bastogne-Liège. Pour autant, l’équipe UAE Emirates ne se trouve pas dépourvue puisque c’est un autre ancien vainqueur, Marc Hirschi, qui portera le numéro 1. Le coureur suisse bénéficie d’une approche idéale du rendez-vous hutois, après avoir pris la deuxième place de l’Amstel Gold Race : « Je connais très bien ce parcours et je sais que sur la dernière ascension c’est toujours une course loyale, ce sont les jambes qui parlent. La semaine a très bien commencé mais bien sûr c’est une autre course qui va se jouer sur la Flèche. J’espère que je vais courir intelligemment pour aller chercher à nouveau un bon résultat ». Toutefois, la formation émiratie se présente avec plusieurs atouts, puisqu’elle peut compter sur deux débutants de prestige avec le vainqueur du Tour du Pays Basque Juan Ayuso, et le 3e de Paris-Nice Brandon McNulty. L’effectif est plus qu’honorablement complété par Diego Ulissi (3e de la Flèche Wallonne en 2019) et Joao Almeida.
DARYL IMPEY : « TEUNS EST DE RETOUR »
Ils ne sont pas si nombreux à avoir battu Alejandro Valverde à la pédale sur le Mur de Huy, où l’ancien champion du monde espagnol a vaincu cinq fois. Dylan Teuns en fait partie, depuis qu’il a obtenu l’une des plus belles victoires de sa carrière en 2022, là où il s’était déjà hissé sur le podium en 2017 (3e). Le coureur belge n’a pas encore levé les bras avec le maillot de la formation Israel-Premier Tech qu’il a rejointe en août 2022, mais connaît un sursaut ces dernières semaines (8e du Tour des Flandres, 2e de la Flèche Brabançonne) qui donne de l’espoir à son directeur sportif Daryl Impey : « Il a été malade en début d’année, diminué par des problèmes d’estomac, mais c’est réglé depuis quelques semaines et c’est un plaisir de le voir dans cette forme. Les résultats ne sont pas encore totalement là, mais il est de retour à son meilleur niveau. Et la Flèche Wallonne, c’est bien la course qui lui convient le mieux. Il est confiant, je le sens déterminé, il n’arrête pas de parler de ces routes, de ce qu’il veut faire dans l’approche de la bataille finale. De toute façon sur le Mur, c’est le plus fort qui gagne. Je ne sais pas s’il existe un moment idéal pour attaquer… en revanche il faut sentir son moment ».